dans tes textes tu parles de délinquance,
de flingues. Est-ce ton univers ou une fiction ?
C'est personnel, la délinquance, les flingues c'est la vie de tous les
jours.
Tu penses que c'est honnête de ta part de dire
que les armes, c'est la vie de tous les jours ?
Les armes, c'est une réalité. C'est quelque chose qui fait partie de la
vie des quartiers. Et je ne te raconte pas de fiction, c'est la vie.
Pourtant pas mal de gens sont septiques sur ce
que tu racontes dans tes textes...
Je m'en bas les cou**les, je parle de ma vie et de ce que je connais.
Soprano des Psy4 de la Rime déclarait dans
notre magazine : « Les rappeurs qui disent que
le rap n'influence pas les jeunes, sont des myhtos
», c'est un avis que je partage ? Et toi quel
est ton avis ?
Un rappeur, c'est pas un prophète. J'ai écouté des trucs super violents,
ce n'est pas ce qui m'a éduqué.
Peut être que toi tu n'as pas été influençable à
ce niveau là, mais d'autres le sont ?
Tu penses que si moi j'existais pas, il n'y aurait pas de problèmes
sociaux ? Il n'y aurait pas eu d'émeutes en banlieues si le rap n'existait
pas ? Les problèmes sociaux, la misère existent et ça aurait
explosé avec ou sans le rap. Maintenant, nous parlons de problèmes
dans nos textes, mais ce sont des problèmes qui sont déjà là. Bien
sûr que tu es influencé un minimum, mais les mecs qui sont en prison,
ne disent pas à la juge que la cause de leur acte c'est le rap !
Tu imagines, « J'écoutes trop Booba, c'est à cause de lui que j'ai
tourné dans la délinquance. »
Et ton avis sur les poursuites contre les rappeurs
pour incitation à la haine et à la violence ?
C'est politique. C'est une façon pour le gouvernement de trouver
une excuse suite aux émeutes. Dire que c'est de la faute du rap ou
de la polygamie, c'est de l'hypocrisie, je pense que si les problèmes
de chômage et de logement étaient résolus, la situation serait
meilleure.
Les médias t'ont sollicité suite aux évènements
en banlieue ?
Oui, mais ça ne m'intéressait pas. J'avais pas grand chose à dire.
Genre : « expliquez nous ce qui se passe ». Quand tu vends beaucoup
de disques aucun média ne t'appelle, et quand les voitures crament,
tout le monde t'appelle.
Tu dis : « Tu veux faire un featuring ? Gardes la
pêche », quel est le MC que tu n'inviteras
jamais ?
Je sais pas... J'ai pas envie de descendre les gens...
Pourtant lors de notre dernier entretien, t'avais
pas hésité à citer Def Bond comme artiste le
plus naze...
Vas y remet lui en une... Def Bond (Rires)
Rohff t'as envoyé des pics, mais est-il possible
que vous fassiez un truc ensemble ?
Non, jamais... Jamais... Je ne me permets pas de lui envoyer des
pics, donc si lui se le permet, c'est qu'on n'est pas du tout dans la
même direction.
Pourtant Nas et Jay Z se sont réconciliés ?
Ouais mais bon, je suis pas Jay Z, et il n'est pas Nas. Il y a d'autres
artistes cainri qui sont en clash, et qui ne se sont pas réconciliés.
Et que penses-tu du fait que les gens comparent
Rohff et toi ?
En France, il y a toujours eu deux noms - avant c'était NTM et IAM -
et une compétition. Rohff est rentré dans le délire d'envoyer des pics,
j'ai entendu, mais c'est pas un clash, c'est tourné plutôt comme un jeu. Et si tu me dis que nous sommes que tous les deux à partager
l'affiche, c'est parce que les mecs ne réussissent pas à vendre. C'est
un jeu, mais j'en ai pas fait un bizz, ça m'intéresse pas.
Pourtant Rohff reste dans la subtilité ?
Non, pas du tout, pour moi c'est pas subtile... Non (rires)
Le fait qu'on parle de toi en bien ou en mal, tu
penses que ça te donne de l'importance dans le
rap français ?
Non, c'est plutôt les gens qui me donnent de l'importance. L'artiste
inconnu qui parle de moi en mal, n'existe que parce qu'il dit mon
nom. Si l'artiste parlait en mal de quelqu'un que personne ne
connaît, il n'existerait même pas, les gens diraient : « qu'est ce qu'il
raconte » ?
Comment tu réagis face aux attaques d'autres
artistes ? (« Délits d'ourson » de K-Yzer)
Je ne calcule pas. S'ils ont quelque chose à me dire, qu'ils viennent
me le dire. Je suis là. Le mec fait une chanson, je le connais même
pas.
Et ça t'agace pas par moment ?
Ouais, mais qu'est ce que tu veux faire ? Tant qu'ils ne vont pas trop
loin.
Tu crois que des propos sur toi peuvent te nuire?
Si t'écoutes ce qu'il dit, il invente des trucs racistes, qui ne sont pas
fondés. Il dit qu'acheter mon album, c'est financer la guerre en Irak,
tu vois bien que le gars est dans un autre monde. Ça doit être un fan
encore... (Rires)
Tu parles de propos racistes, et d'ailleurs dans
un de tes titres tu dis y : « Parait que je suis
juif » ? C'est une rumeur ou une réalité ?
C'est une rumeur.
Tu es de quelle origine ?
Ma mère est française, mon père sénégalais.
Pourtant ton prénom c'est Elie ?
C'est un prénom que ma mère aimait bien, et qu'elle m'a donné. Elle
aurait voulu m'appeler William, elle m'aurait appelé William, c'est
tout !
A aucun moment ça ne te nuit ?
Non, tu prends les bonnes choses, comme les mauvaises. Regardes,
les stars sont tous les mois épiées par des paparazzis pour apparaître
en string ou je ne sais quoi dans des revues, ça fait parti des inconvénients.
Donc ces rumeurs c'est rien, tu n'as pas le choix ça fait parti
du succès.
On va aborder les médias, la télévision c'est un
support que tu souhaites utiliser pour ta
promo ?
C'est dans la logique.
Tu trouves qu'il y a assez de hip hop à la télé ?
Non, pas assez.
L'émission qui t'as marqué ?
H.I.P H.O.P et Rapline.
Tu cites HIP HOP, mais avec du recul, Sidney faisait
un peu caricaturale avec sa casquette et
ses gants ?
C'est un peu le rap qui était comme ça, c'était plus du folklore
qu'autre chose. A l'époque les gars ne parlaient pas forcément de
problèmes sociaux, c'était pas aussi violent qu'aujourd'hui. C'était
de la danse, de l'amusement.
Tu viens de dire quelque chose d'intéressant :
« c'était pas aussi violent qu'aujourd'hui ». Donc
le rap c'est violent ?
Ouais... Comme le rock peut être violent, comme certaines chansons
françaises de Georges Brassens, ou des films d'actions. Pour
moi à la base l'être humain il est violent, regardes, enfants on jouait
à quoi ? La guerre, les cow-boys, à dire « pan pan », se tirer dessus,
ou même jouer à la prison. Dès l'enfance, on est déjà perturbé et
attiré par la violence, c'est l'être humain qui est comme ça.
Pour revenir à la télévision, tu n'étais vraiment
pas à l'aise lors de l'émission que tu as faite
chez Ardisson pour la promo de ton précédent
album ?
Je m'attendais à parler de musique. Lui, m'a parlé de prison direct.
Il a commencé à évoquer mon enfance, donner des prénoms, et à
aucun moment il ne parle de musique. Et quand il m'a parlé de communautarisme,
j'ai pas voulu rentrer dans le débat politique. Si il
m'avait parlé de musique dès le départ, j'aurais peut être été plus à
l'aise pour ensuite parler de mon parcours.
En même temps quand tu acceptes d'aller chez
Ardisson, tu sais très bien que le gars ne va pas
te parler de tes lyrics, mais te questionner sous
un angle auquel tu ne t'attends pas ?
Bien sûr, je m'attendais à ce que le gars parle de prison, mais pas
d'entrée. Il lis sa feuille, et parle comme si sur le plateau c'était mon
jugement, après je me dis "vas-y je m'en fous". Même lui ne
connaissait même pas son sujet, il s'est trompé quand il m'a parlé
de communautarisme.
Quels ont été les retours après cette émission ?
Pleins de gens ont pensé que j'étais pour le communautarisme, et
que c'était du racisme alors que je disais que le communautarisme
c'est intéressant dans le sens ou cela te permet d'avoir plus de poids
dans la société, au niveau du travail, des médias, de la politique...
C'est dans ce sens là que c'est bien, cela ne signifie pas que si je vois
un blanc dans la rue, je vais lui courir après !
Et ce discours, pourquoi tu ne le véhicules pas ?
Non, je ne suis pas là pour véhiculer des idées, c'est pas mon truc.
Moi, je suis là pour parler de mon disque, de ma musique.
En même temps, c'est peut être ce qu'attend
ton public ?
C'est peut être ce que toi tu attends, mais moi c'est pas ma vocation...
Je n'attends rien, je parle de ton public, de ces
jeunes qui s'identifient à tes propos. D'ailleurs
dans un de tes morceaux tu dis : « Je représente
la banlieue... »
A la base, je fais de la musique, c'est un délire. J'ai jamais fait du rap
en me disant que je vais ensuite faire de la politique, que je vais faire
passer des messages, que je vais faire des interviews... Tout ça me
tombe dessus. Il y a des gens qui souhaitent s'exprimer, prendre la
parole pour véhiculer des messages, c'est leur vocation, pas la mienne.
Les mecs se reconnaissent dans ce que je dis, mais je ne suis pas
là pour défendre un débat ou une idée à la télévision. Aux Etats-
Unis, tu as des émissions où la musique est la ligne directrice, l'artiste
fait son show, sa promo et on ne lui parle pas de la guerre en
Irak. Ici on est dans un engrenage dans lequel je ne me retrouve pas.
L'émission de Sydney H.I.P H.O.P c'était du folklore, mais il savait de
quoi il parlait, c'était du bon temps.
Au niveau de l'album le choix des invités ?
Kennedy, Mac Tyer, Malekal, Akon et Trade Union...
Et pour quelle raison on ne trouve pas
Nessbeal ?
Parce qu'on a arrêté de travailler ensemble. Il n'y a pas de raisons
particulières. Après chacun trace sa route.
Le titre « Pitbull » ressemble dans le fond à
« Ma définition »...
Je parle de mon enfance, mon vécu. Entre deux albums, il n'a pas
changé ! (Rires)
Ce titre reprend le son du « Mistral Gagnant »
de Renaud, t'as pas eu de difficultés pour avoir
l'autorisation ?
Non, on a envoyé le morceau, et on a eu l'accord. C'est cool parce
que c'est un truc qui me tenait à coeur.
Aujourd'hui tu parles plus qu'auparavant ?
C'est l'expérience, et les sujets qu'on aborde m'intéressent. Puis
aujourd'hui avec tout ce qui m'est arrivé par rapport à la musique
j'ai plus de choses à raconter.
Tu dis qu'Ardisson ne connaît pas son sujet, en
même temps c'est difficile de te connaître ? Il y
a toujours eu un côté mystérieux autour de toi ?
Comme à l'époque de « Seul le crime paie »...
C'était les débuts, on était dans un état d'esprit sectaire, et avec le
temps j'ai gardé ce côté.
En parlant de l'époque de Lunatic, dans « La
lettre », Ali dit : « Des gars d'confiance me
disent connaître la poucave, un ancien pote avec
qui on aurait rappé ». C'est qui cette fameuse
poucave ?
On pensait à quelqu'un mais c'est pas sûr...
Et c'est qui ce quelqu'un ?
Je peux pas te donner de nom si je suis pas sûr... (Rires)
Tout à l'heure aussi t'as pas voulu citer de noms
pour les MC's et au final t'as bien cité Def
Bond... pendant un moment j'ai cru que t'allais
encore t'en prendre à lui. (rires)
Le mot de la fin ?
Je dirais aux autres rappeurs d'aller acheter l'album, et de garder la
pêche...
Propos recueillis par Le Coach & Adnen
Photos : Armen
5 STYLES N°38 - 21
MUSIC
JulieAgirlTL, Posté le mardi 14 novembre 2017 12:48
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